Courts poèmes de Renée Vivien

Publié le par Cristie Cyane

Courts poèmes de Renée Vivien

CHANSON

 

Ta voix est un savant poème…

Charme fragile de l’esprit,

Désespoir de l’âme, je t’aime

Comme une douleur qu’on chérit.

 

Dans ta grâce longue et blêmie,

Tu reviens, du fond de jadis…

Ô ma blanche et lointaine amie,

Je t’adore, comme les lys !

 

On dit qu’un souvenir s’émousse,

Mais comment oublier jamais

Que ta voix se faisait très douce

Pour me dire que tu m’aimais ?

 

                          Renée Vivien-Ed. A. Lemerre, 1901.n renee vivien

 

 

LA LUNE CONSOLATRICE

 

Et voici que mon cœur s’épanouit et rit…

Moi qui longtemps souffris, me voici consolée

Par ce noir violet d’une nuit étoilée,

Moi qui ne savais point que la lune guérit !

 

 

Moi qui ne savais point que la lune console

De tout le chagrin lourd, de toute la rancœur !

Sa consolation illumine le cœur

D’un rayon éloquent autant qu’une parole.

 

Et d’un rayon furtif comme un furtif bienfait

Elle se glisse au fond torturé de mon âme,

Elle se glisse avec une douceur de femme.

Et c’est insinuant comme un obscur bienfait.

 

 

Comme un obscur bienfait s’insinue, elle glisse…

Tout le ciel émergeant de l’ombre est radieux.

Éternellement chère à mon cœur, à mes yeux,

Sois louée à jamais, Lune consolatrice !

 

                  Renée Vivien, Dans un coin de violettes, E. Sansot et C., 1910 (p 82-83).

 

 

 

 

 

 

 

VEILLÉE HEUREUSE

 

J’épie avec amour, ton sommeil dans la nuit :

Ton front a revêtu la majesté de l’ombre,

Tout son enchantement et son prestige sombre…

Et l’heure, comme une eau nocturne, coule et fuit !

 

Tu dors auprès de moi, comme un enfant… J’écoute

Ton souffle doux et faible et presque musical

S’élevant, s’abaissant, selon un rythme égal…

Ton âme, loin de moi, suit une longue route…

 

Tes yeux lassés sont clos, ô visage parfait !

Te contemplant ainsi, j’écoute, ô mon amante !

Comme un chant très lointain, ton haleine dormante,

Je l’entends, et mon cœur est doux et satisfait.

 

                         Renée Vivien-Dans un coin de violettes, E. Sansot, 1910.

 

 

Les Arbres

 

Dans l’azur de l’avril, dans le gris de l’automne,

Les arbres ont un charme inquiet et mouvant.

Le peuplier se ploie et se tord sous le vent,

Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.

 

Sa grâce a des langueurs de chair qui s’abandonne,

Son feuillage murmure et frémit en rêvant,

Et s’incline, amoureux des roses du Levant.

Le tremble porte au front une pâle couronne.

 

Vêtu de clair de lune et de reflets d’argent,

S’effile le bouleau dont l’ivoire changeant

Projette des pâleurs aux ombres incertaines.

 

Les tilleuls ont l’odeur des âpres cheveux bruns,

Et des acacias aux verdures lointaines

Tombe divinement la neige des parfums.

 

                         Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902

 

Ci-dessous Biographie et Critiques littéraires. Bonne lecture !

sse lesbienne, Natalie Clifford Barney, Lucie Delarue Mardrus, Colette, Sappho

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M
Fabuleux, tout simplement délicieux et merveilleux !<br /> Je viens juste de découvrir Renée Vivien grâce à toi Lucy charmante écrivain et poétesse <br /> Merci infiniment
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C
Merci pour ce commentaire. Bonne lecture. <br /> Cristie Cyane
C
contente de te voir ton blog. A plus en MP.
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